Chloé Delaume est aujourd’hui considérée comme une écrivaine majeure de la littérature française contemporaine. Son œuvre, considérablement enrichie au cours de ses 25 ans de carrière, s’inscrit en particulier comme emblématique des écritures à la première personne, mêlant littérature et performance.
Dès ses débuts, par sa participation aux revues philosophiques Tiqqun et EvidenZ, au tournant du XXIe siècle, Delaume a su imposer un « je » littéraire, au croisement du privé et du politique, affirmant la singularité et la radicalité de son style fragmentaire et incisif. Ses deux premiers romans, Les Mouflettes d’Atropos (2000) et Le Cri du sablier (2001), ouvrent la voie à une autofiction expérimentale centrée autour du roman familial, explorant tour à tour le trauma, la prostitution, les impasses du patriarcat, la construction de soi, le couple, le féminisme et la sororité. Ces thèmes, non exhaustifs, constituent autant de pistes d’une écriture exploratoire du « je » qui interroge, par sa réflexivité, les formes de l’écriture de soi. En effet, la fiction delaumienne est en constante élaboration : des premiers récits autofictionnels (Les Mouflettes d’Atropos, Le Cri du sablier) aux dispositifs narratifs expérimentaux (Corpus Simsi. Incarnation virtuellement temporaire, J’habite dans la télévision, La Nuit je suis Buffy Summers, Une femme avec personne dedans), le romanesque jouxte le poétique et le dramatique. L’écrivaine mêle les genres et les tonalités, scrutant du côté de la fable et du réalisme magique (La Vanité des Somnambules), de la forme brève (Monologue pour Épluchures d’Atrides, Narcisse et ses aiguilles, Le Deuil des deux syllabes), du théâtre (Eden matin midi et soir, Au commencement était l’adverbe), de la fan fiction (La Nuit je suis Buffy Summers), du jeu (Certainement pas), du récit familial (Où le sang nous appelle, co-écrit avec Daniel Schneidermann), de la dystopie (Les Sorcières de la République), du manifeste (Mes bien chères sœurs), ou encore, du roman sentimental (Le Cœur synthétique). Sa production littéraire, riche et singulière, s’accompagne également d’un travail de création multiple touchant aux arts visuels et sonores, mêlant écriture de scénario, performance, vidéo, chanson, clip.
Ce colloque international, le premier en France consacré aux travaux de l’écrivaine, entend participer à la cartographie de la littérature contemporaine en interrogeant les divers aspects de la fiction delaumienne.
Il proposera un format original faisant dialoguer un espace universitaire et un espace de rencontre artistique, puisque deux soirées littéraires en présence de l’écrivaine seront organisées, en parallèle aux débats académiques, à la Maison de la Poésie de Paris.
Les propositions de communication interrogeront et analyseront les créations de Chloé Delaume en pouvant notamment s’inscrire dans les axes suivants, non exhaustifs :
- (Auto)fictions
- Chansons
- Corps / Organisme
- Féminisme
- Filiations
- Guerre, terrorisme
- Intermédialité
- Littérature numérique
- Littérature expérimentale
- Magie
- Mort
- Mythologie
- Performance
- Romanesque
- Sororité
- Trauma